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 IRMINE JEDRZEJEWSKI

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pigfart is real
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pigfart is real


Messages : 66
Date d'inscription : 22/09/2012

IRMINE JEDRZEJEWSKI  Empty
MessageSujet: IRMINE JEDRZEJEWSKI    IRMINE JEDRZEJEWSKI  Icon_minitimeMer 28 Mai - 20:31


You're not a sad story.


« tu mettras ton espoir dans ses ailes - psaumes 35 »
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]Ils sont nés tous les deux dans un monde enclins à les séparer, à leur faire du mal. Dans la Pologne alcoolisée, dans une pièce remplie de fureur et de bruits, Jacek serre de ses doigts damnés le corps charnue d’Irmine. Il frôle lentement sa tête de poupées de cire, il la tient tant bien que mal dans ses bras décharnés. Il c’est entrainé avec des bouts de chiffon à tenir la petite fille, leur deux corps sont enclavés, elle est à peine née qu’il ne lui laisse pas voir la lumière diaphane du matin. Leur père allume un cigare au feu du jour, fait étinceler cette journée suffocante. Leur mère est dans la pièce d’à côté, elle se repose depuis deux jours, on ne l’entend pas murmurer, pourtant elle parle en continue, comme un vieux vinyle raillé. Irmine ne pleure plus, le doigt de son frère l’amuse beaucoup plus. Elle est si fragile, Jacek tend sa paume, et l’ombre couvre le visage de sa sœur. Il est tenté d’imprimer ses mains gigantesques  sur la tête trouée de deux gros yeux provocateurs d’Ir’ . Mais l’enfant a faim, et la mère ne sait plus que s’écouter, elle se met alors à chercher la tétine d’un air agacé. Dans la ville qui voit des corps morts danser, le cri d’Irmine pénètre les voutes. « Donne lui à manger » Et Jacek s’exécute, lui donne la bécquée, parce que leur père ne veut pas s’occuper d’une enfant de trois ans, et que sa mère préfère s’écouter. Jacek est calme, placide, presque chevaleresque avec sa sœur. Son naturel turbulent est canalisé en un seul but : faire plaisir à l’enfant. Que reste-t-il de l’infatué ? Si ce n’est qu’un tas de cendre, que sa sœur a doucement piétiné. La cendre noire recouvrait la plante dodue des pieds, mais elle était froide, Jacek c’était inquiété pour rien, à nouveau.
 
« C’est pour moi ? » Irmine souffle, elle est heureuse. Jacek a cette étrange habilité à trouver ce qui plairait à sa sœur. Il manifeste une certaine dextérité qui lui vaut un sourire gêné, imperceptible, qui lui fend le cœur en deux. Il précède celui qui serait forcé, mais étincelant, il ne comprend jamais les sourires d’Irmine, il aimerait pénétrer son cerveau, s’enfoncer dans le sombre caveau. Irmine, entend tous les tourments de son frère mais ne sait lui répondre. Ils désiraient chacun le don de l’autre, ils voulaient déceler ce que l’autre décelait, ils voulaient comprendre. Irmine se sent toujours à côté, ne sait jamais que faire, les suppliques sourdes de Jacek restent sans réponse. « Merci ». Quelle ingrate ! Elle n’ose faire plus, il est si muet qu’elle s’enfouit un plus dans son insensibilité chronique. Alors, doucement, elle l’enserre de ses doigts chauds, des bras tendres. Il l’accueille avec plaisir, embrasse sa tempe d’un geste protecteur, possessif. Il touche son cou, elle se recroqueville, sous son rire tonitruant. « Pourquoi t’as si peur qu’on te touche le cou mimine ? » Il retrouve son côté agaçant, et Irmine tente de le frapper à l’arrière de la tête, il esquive le coup, sourit encore. « Alors ? » Elle baisse les yeux, honteuse, elle est hantée par ses propres aveux. « J’ai cette peur irrationnelle, incompréhensible, qu’on m’étrangle, qu’on me brise la nuque, et que je parte en fumée. » Il fronce les sourcils, Irmine n’est pas quelqu’un qui est intimidé par la mort, elle ne l’a jamais été. C’était lui, l’angoissé du néant, la mort l’oppressait, l’enfermait sous son large couvercle : elle pèse, basse et grouillante sur ses épaules. « Ce n’est pas que j’ai peur de la mort… Non, ce n’est pas ça. Je crois juste que c’est le seul endroit de mon corps que je ne peux protéger. Tu te souviens ? Quand j’avais six ans ? »

Il se remémore, se plonge dans le passé. Il a revoit étendue dans les longs draps blancs, et le soleil qui s’incline à l’est, passant ses bras timides par la fenêtre. La tête blonde s’illumine, immergée sous le tissus blanc. Elle tire, tire la couverture, tiraillée par le même dilemme. Si les monstres viennent ce soir, elle sait qu’ils se languissent de sa présence, mangeront-ils ses pieds ? Ou son cou ? Elle ne pouvait protéger qu’un côté, et à ses yeux, une mort sans tête paraissait moins horrible qu’une vie sans pied. Et aujourd’hui, alors qu’elle court comme un garçon, qu’elle se bat comme un garçon, qu’elle rit comme eux, elle a peur pour son cou, il était à ses yeux le prix à payer pour être comme son frère. « C’est pas parce que tu cours plus vite que moi que tu vas perdre la tête mimine ». Encore ce surnom stupide qui la rabaisse, mais pour une fois elle l’accepte, doucement, silencieusement, parce qu’il avait enfin admis qu’elle le battait à la course.


« il sait de quoi nous sommes pétris, il se souvient que nous sommes poussières - psaume 103 »
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]Le bonheur euphorique, un félicite complet, uniforme qui vous engloutit. Il lui semblait que tout son crâne s’embrasait, tel un éclair de lucidité, alimentant l’hyperesthésie de sa sensibilité et de sa conscience. Puis les images se travestissent, s’étirent, se multiplient. Un vacarme incessant agresse l’esprit, alors qu’un silence opaque le sépare du monde. Toute communication est impossible, et elle semble basculer dans l’infini oubli des choses. Son corps n’était plus qu’une couverture qui se dissipait au rythme des soubresauts. L’épilepsie, le mal divin, la maladie sacrée secoue les membres d’Irmine. Il n’est qu’un phénomène, une illusion morbide, mais ces moments à eux seuls valent toute une vie. Mais l’extérieur est tout autre, la coquille s’ouvrait, gesticulait comme désarticulée. La couleur bleuâtre parcoure son visage tandis que la bave glisse aux commissures, se mélange au délire humain. Et le cri sort de chaque parcelle de ses pores, la douleur s’exhale. Elle a cette agitation qui précède l’agonie. Parfois, elle est prise d’absence, elle fixe un point, mais elle est ailleurs, complètement déconnectée de la réalité. Elle n’est plus là, elle est dans les tréfonds de ses méninges.

« Irmine ? » Elle relève les yeux vers sa mère. « Tu le fais encore »  « Pardonnez moi mère ». Son cœur bat si vite, vite, elle s’en veut pour ces moments d’ellipses qui la rend aussi misérable aux yeux de sa mère. Ce sentiment turpide la gagne, et elle suffoque un peu plus après chaque crise, chaque néant. Et doucement, elle récite les saintes paroles, que sa mère a dicté : « Ojcze nasz, któryś jest w niebie, święć się imię Twoje, Przyjdź Królestwo Twoje, bądź wola Twoja, jako w niebie, tak i na ziemi. Chleba naszego powszedniego daj nam dzisiaj. I odpuść nam nasze winy, jako i my odpuszczamy naszym winowajcom. I nie wódź nas na pokuszenie, ale nas zbaw ode zlego Amen* »Le Notre Père devient une douce litanie, qu’elle répète après chaque crise comme un réconfort. Elle n’est toujours pas lucide, ses yeux sont encore brouillés, et elle tente d’effacer toutes traces de faiblesses : Jacek va bientôt revenir, et elle ne veut pas qu’il sache qu’elle s’était à nouveau éclipsée à l’intérieur. Elle regarde la figure maternelle, cherche à la transpercer, elle l’aime si fort, elle possède une admiration inconditionnelle, immuable pour cette femme de poigne, qui pourtant, se laisse aller chaque soir à la boisson. Elle est une sorcière respectée dans le monde de la justice, une femme de sang-pure, mariée à un moldu médiocre, sans aucune ambition. Elle dit parfois à Irmine, le soir, dans les torpeurs de l’alcool, qu’elle l’aurait quitté depuis longtemps si Jacek et elle n’étaient pas arrivés. Et si le soir, elle n’est pas exemplaire, et qu’elle noie son chagrin pour oublier, pour s’accorder la même éclipse qu’Irmine subit, elle se montre le jour, comme une femme forte et ambitieuse, d’un naturel fin et distingué, bien loin de la guenon de minuit. Elle lui a tout appris, elle l’a élevée comme une sang-pure, mais les traces moldues restent ancrées. Irmine qui en était tout d’abord honteuse, finit par porter ces cicatrices ingrates avec fierté.
Quant à son père, Irmine ne lui accorde qu’un regard. Elle aimerait, se réjouirait de pouvoir l’aimer, de le traiter comme un égal. Mais elle n’y arrive pas, tout en lui la répugne, elle regarde de haut son géniteur, cet être faible qui ne sait même pas prier, qui ne croit en rien. Il l’aime pourtant, peut être même plus que sa mère, et parfois, elle se sent mal. Elle tombe dans la pitié, lui octroie un câlin. Elle prétend que sa méchanceté n’est que fatigue, et ses moqueries, des signes d’affection.
« Irmine ? » « Je suis là Jacek ! Vient voir, j’ai fait à manger. »

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IRMINE JEDRZEJEWSKI
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